lundi 23 mai 2011

Nicolas Grimaldi : Métamorphoses de l'amour

« Cette personne que nous aimons sans la connaître, et qui ne nous est si présente que parce que nous la recréons sans cesse en l'imagi­nant, un tout simple hasard en fait l'objet de nos rêveries. Nous l'avons fortuitement inventée plutôt que nous ne l'avons choisie.

Mais son image nous est désormais si intime, si obsédante, que nous ne pouvons plus nous en détacher. Parce qu'il nous semble que nous ne pourrions pas vivre sans elle, il nous semble aussi que nous aurions manqué notre vie si nous ne l'avions rencontrée... » Nicolas Grimaldi

Propos recueillis par Roger-Pol Droit, publié sur le site Le Point.fr.

– Roger-Pol Droit : [...] vous prenez nombre d'exemples chez Proust ou chez Simenon plutôt que chez Platon ou Schopenhauer. Ils parlent mieux de l'amour ?

– Nicolas Grimaldi : Simenon, entre tous, me semble avoir décrit l'expérience amoureuse avec le plus de véracité, de lucidité et de pathétique. Contrairement au Banquet de Platon, l'amour n'est pas suscité chez Simenon par la découverte de la perfection, mais, au contraire, par la disgrâce, l'infortune et la déchéance. Au lieu d'être rendus amoureux par ce que nous pouvons recevoir, nous le sommes aussi, et peut-être plus souvent, par ce que nous pourrions donner. L'amour aurait alors son origine non pas dans un narcissisme originaire, mais dans une générosité vitale spontanée.

Métamorphoses de l'amour, Paris, Grasset, 180 p., 13 euros.

Aucun commentaire: