mardi 6 décembre 2011

Les Essentiels de Maigret


Dans ce nouveau recueil proposé par les éditions Omnibus, Benoît Denis, directeur du Centre d'études Georges Simenon de l'université de Liège, propose et présente onze romans, parmi les soixante-quinze mettant en scène Maigret, depuis ses débuts dans Le Charretier de La Providence en 1932 jusqu'à Maigret et Monsieur Charles, sa dernière enquête, en 1972 en passant par :

La Tête d'un homme
,
Liberty Bar,
Félicie est là
,
La Première Enquête de Maigret
,
Maigret en meublé
,
Maigret se trompe
,
Maigret et les Vieillards
,
Maigret et le Clochard
et
Maigret à Vichy
.

Omnibus, 2011, 1172 p., 28 €.

lundi 28 novembre 2011

Régine Desforges : Le Paris de mes amours. Abécédaire sentimental

Avec ce Paris de mes amours, Régine Desforges nous convie à une promenade poétique, littéraire, historique, qui se déploie dans le temps et dans l’espace. Elle nous emmène dans tous les coins de Paris, de Saint-Germain-des-Prés, où elle vit et où elle eut sa librairie et sa maison d’édition, jusqu’aux quartiers périphériques ; de la splendeur des quais de la Seine aux recoins les plus glauques. « Il ne faudrait pas croire, dit-elle, que Paris se laisse approcher facilement. Pour l’apprivoiser, il faut du temps, de la patience et de l’amour et accepter que la ville ne se montre pas sous son meilleur jour. »

Sillonnant ses rues depuis des lustres, elle peut nous faire partager sa nostalgie d’un Paris populaire disparu, mais c’est aussi pour nous en faire redécouvrir la splendeur toujours recommencée, nous en communiquer la magie encore intacte. Enfin, son Paris est aussi celui de ses amitiés, de ses admirations, une galerie de portraits où se mêlent les vivants et les morts, les Parisiens illustres ou attachants qu’elle a connus et ceux dont elle évoque le rôle passé, de Villon à Aragon en passant par Restif de la Bretonne, Balzac ou Simenon (pp. 354-355) qui ont contribué, chacun à leur manière, à forger la personnalité d’une ville qui sera toujours, aux yeux de ses amoureux, la plus belle du monde.

Si l’entrée « Simenon » n’évoque que brièvement notre auteur, le lecteur trouvera nombre de pages aux entrées simenoniennes. Ainsi, au hasard, celles intitulées Pigalle, Clochards, Palais de Justice, Boudard, Clichy, Coupole, Dauphine, Gares, Halles, Mauvais garçons, Prostitution, Flâneur... où Maigret n’est jamais très loin.

Régine Deforges, Paris, Plon, 400 p, 23 €.

vendredi 4 novembre 2011

Conversations avec Claude Chabrol

Une précédente version de cet ouvrage a paru en 1999 chez Denoël sous le titre Un jardin bien à moi.

La présente édition entièrement revue et actualisée par François Guérif a été augmentée d'un entretien avec Claude Chabrol à l'occasion de la sortie en 2004 de La Demoiselle d'honneur, ainsi que du texte de Musique douce, une nouvelle publiée en 1953 dans Mystère Magazine.

On y trouvera également de nombreuses pages consacrées à Georges Simenon, sujet sur lequel Claude Chabrol se montre toujours très prolixe. Il y est question en particulier de son adaptation des Fantômes du chapelier ainsi que de celle de Betty.

Notons aussi ce rapprochement plus inattendu : « Les Simenon qui sont à caractère fantomatique, légèrement décalés, sont très proches de Jean Ray. De même, les Jean Ray avec Harry Dickson sont très proches de Simenon. »

Éditions Payot & Rivages, Paris, 2011, 336 p., 21,50 €

vendredi 28 octobre 2011

Histoire illustrée du 36 quai des Orfèvres


Les services de la Police judiciaire situés au 36, quai des orfèvres vont déménager. Avant cela, le lieu mythique fêtera son centenaire et c’est à sa riche histoire que l'ouvrage de Claude Cancès et Charles Diaz rend hommage.

C'est à un nouveau voyage passionnant – après le succès de son premier livre publié en 2010 – que nous invite Claude Cancès, l'ancien patron de la PJ parisienne.

Passionnant mais différent, puisque cette fois, associé à son ami Charles Diaz, contrôleur général de la Police nationale, historien et ancien du 36, Claude Cancès nous propose une Histoire du 36 ILLUSTRÉE.

Photographies, rapports, enquêtes, pièces à conviction, lettres et fiches rythment les pages de cet ouvrage sur lequel on se précipite avec curiosité. On se promène dans les coulisses de l'Histoire, la grande et la petite, de la plus ancienne à la plus récente, avec fascination, découvrant par l'image toutes ces affaires retentissantes qui ont ponctué la vie du mythique Quai des Orfèvres, croisant au passage un certain Georges Simenon, en compagnie d'un policier qui devait lui inspirer le célébrissime commissaire Maigret.

ÉDITIONS JACOB-DUVERNET

Claude Cancès. ancien directeur de la Police judiciaire parisienne. Auteur de Histoire du 36 quai des Orfèvres.

Charles Diaz. contrôleur général de la Police nationale. Auteur de La Fabuleuse histoire des grands flics de légende et de La Nouvelle épopée des Brigades du Tigre.

mardi 11 octobre 2011

Deux expositions. Deux catalogues

Nous vous avion précédemment annoncé deux superbes expositions : celle du tout nouveau Musée des lettres et manuscrits de Bruxelles ainsi que celle qui se tient à l'Historial de la Vendée, Les Lucs-sur-Boulogne.

Nous vous présentons aujourd'hui les deux magnifiques catalogues publiés à l'occasion de ces manifestations.


Georges Simenon
Parcours d’un écrivain belge
Éditions Racine« Florilège » & Musée des lettres et manuscrits, Bruxelles, 2011,144 p.
Au musée : 29,90 euros















Georges Simenon (1903-1989)
De la Vendée aux quatre coins du monde
Somogy éditions d’art, Paris, 2011, 280 p., 35 euros.

lundi 12 septembre 2011

Simenon dans "Plume", le magazine du patrimoine


La luxueuse revue Plume consacre sa couverture et pas moins de quatorze pages intérieures à Georges Simenon et à l'exposition qui lui est dédiée au nouveau Musée des lettres et manuscrits de Bruxelles situé en plein cœur de l'Îlot sacré dans les Galeries royales Saint-Hubert de Bruxelles, à deux pas de la Grand Place.

Après un article de Jean-Christophe Hubert intitulé "Aux sources du rituel" et superbement illustré, ce numéro est complété d'une interview de son fils John Simenon effectué par Cécile Enjelvin et Christel Pigeon.

Commandes sur www.plume-mag.com ou par chèque bancaire à
Plume, 387, avenue Éric Tabarly, 06270 Villeneuve-Loubet, France
Prix du numéro : 5,90 €

Exposition au Musée des lettres et manuscrits de Bruxelles

Le 23 septembre, à Bruxelles, ouverture d’un nouveau Musée des lettres et manuscrits. Ce frère du MLM de Paris dispose d’une collection de 80 000 pièces dont 500 sont exposées. Des écrits des plus grands noms de l’histoire, de la littérature, des arts, de la musique et des sciences présentés dans les différents espaces du lieu, illustrés aux cimaises de portraits et tableaux.

L’exposition inaugurale

« Georges Simenon, parcours d’un écrivain belge »

rend hommage au grand écrivain.

Le lieu : Galerie du Roi, 3 à Bruxelles.

www.mlmb.be

Du 23 septembre 2011 au 24 février 2012. Du mardi au dimanche de 10 à 19 heures.

Le samedi jusqu’à 20 heures. Nocturne le jeudi jusqu’à 21h30.

Prix : 7 € (tarif plein) et 5 € (tarif réduit et nocturne).

Catalogue d’exposition : Musée des lettres et manuscrits de Bruxelles. Florilège. Éditions Racine, 352 p. ill., 39,95 €

dimanche 31 juillet 2011

Vacances présidentielles

Nicolas Sarkozy : repos et «dossiers»

Nicolas Sarkozy sera au Cap Nègre (Var) trois semaines environ.
Au programme : sport, repos en famille, lecture de Georges Simenon.
Mais il aura aussi des «dossiers sous les bras».

jeudi 14 juillet 2011

Exposition Simenon en Vendée


Communiqué de presse au 12 juillet 2011

Georges Simenon,

de la Vendée aux quatre coins du monde

1er octobre 2011 26 février 2012

Historial de la Vendée

LesLucssurBoulogne

Du 1er octobre 2011 au 26 février 2012, le Conseil général de la Vendée présente à l’Historial de la Vendée une exposition consacrée à Georges Simenon.

Georges Simenon, de la Vendée aux quatre coins du monde est la première rétrospective jamais réalisée en France, retraçant la vie et l’œuvre de l’écrivain belge qui vécut en Vendée entre 1940 et 1945.

Ces cinq années passées à Vouvant, FontenayleComte, SaintMesmin, l’Aiguillon et aux Sablesd’Olonne ont donné naissance à une quinzaine de romans, parmi lesquels L’Aîné des Ferchaux, L’Inspecteur Cadavre, La Fuite de Monsieur Monde … C’est aussi en Vendée que Simenon, encouragé par André Gide, rédigea Pedigree, roman autobiographique qui marqua un tournant dans son œuvre.

Cette période constitue le point de départ et le cœur de cette exposition qui rassemble manuscrits et tapuscrits inédits, livres, dessins, peintures, photographies, documents sonores et audiovisuels, films, objets et meubles – parmi lesquels son bureau, son hachoir à tabac, sa boule fétiche, sa pipe et son chapeau… – , ayant appartenu à l’écrivain : en tout plus de 200 objets qui proviennent pour la plupart du Fonds Simenon de l’université de Liège mais aussi de prêteurs privés et institutionnels.

Outre les années vendéennes, le parcours de cette exposition propose une succession d’espaces scénographiques évoquant l’enfance liégeoise, les débuts parisiens, les voyages autour du monde et le séjour aux ÉtatsUnis de Simenon. D’autres espaces, thématiques, font entrer le visiteur dans l’univers intime de l’écrivain et le vif de sa création littéraire, en lui faisant suivre notamment la vie d’une œuvre depuis ses prémices et du tapuscrit au film.

À l’intérieur de ce dispositif, la reconstitution d’une salle de cinéma sera l’occasion de célébrer l’immense succès de l’adaptation de Maigret au cinéma : Tout ou presque sur Maigret, un film de d’Alain Ferrari, y sera diffusé.

Fidèle à la mission que s’est donnée l’Historial de la Vendée depuis sa création en 2006, Georges Simenon, de la Vendée aux quatre coins du monde offrira aux visiteurs une approche transdisciplinaire, interactive et spectaculaire de la culture, largement héritée de la muséographie nordaméricaine et canadienne. La mise en scène y joue un rôle majeur, de même que la liberté de mouvement et de déambulation que favorise une architecture moderne éminemment fonctionnelle et conçue comme évolutive.

Implanté aux LucssurBoulogne en plein bocage vendéen, le bâtiment recouvert de toitures végétalisées se confond avec la prairie qui l’environne. L’Historial, qui a le statut de musée de France, est un musée de société, crée par le Conseil général de la Vendée. Il a pour vocation d’évoquer l’histoire du territoire vendéen et des populations qui s’y sont succédé depuis la préhistoire jusqu’à nos jours. Depuis cinq ans, ce site vivant, profondément original, recueille et fait connaître avec une rare pédagogie le patrimoine vendéen.

À l’occasion de cette exposition, un catalogue de 280 pages réunissant les regards croisés d’une trentaine d’auteurs et de spécialistes de Simenon sous la direction scientifique de Benoît Denis, sera coédité par le Conseil général de la Vendée et les Éditions Somogy.

Commissariat

Christophe Vital, conservateur en chef du patrimoine, conservateur des musées de la Vendée.

John Simenon, conseiller scientifique, CEO et directeur de Georges Simenon Limited.

Benoît Denis, conseiller scientifique, directeur du Centre d'études Georges Simenon à Liège.

Informations pratiques

Adresse du musée

Historial de la Vendée

85170 LesLucsSurBoulogne

Tél. : 02 51 47 61 61

www.historial.vendee.fr

Jours et horaires d’ouverture

Du mardi au dimanche de 10h à 18h

Fermé le lundi, le 25 décembre t le 1er janvier

Tarifs

Adultes : 8 euros

18/25 ans / Carte d’invalidité / sans emploi : 5 euros

Gratuit pour les moins de 18 ans - PassVendée : 25 euros

lundi 23 mai 2011

Nicolas Grimaldi : Métamorphoses de l'amour

« Cette personne que nous aimons sans la connaître, et qui ne nous est si présente que parce que nous la recréons sans cesse en l'imagi­nant, un tout simple hasard en fait l'objet de nos rêveries. Nous l'avons fortuitement inventée plutôt que nous ne l'avons choisie.

Mais son image nous est désormais si intime, si obsédante, que nous ne pouvons plus nous en détacher. Parce qu'il nous semble que nous ne pourrions pas vivre sans elle, il nous semble aussi que nous aurions manqué notre vie si nous ne l'avions rencontrée... » Nicolas Grimaldi

Propos recueillis par Roger-Pol Droit, publié sur le site Le Point.fr.

– Roger-Pol Droit : [...] vous prenez nombre d'exemples chez Proust ou chez Simenon plutôt que chez Platon ou Schopenhauer. Ils parlent mieux de l'amour ?

– Nicolas Grimaldi : Simenon, entre tous, me semble avoir décrit l'expérience amoureuse avec le plus de véracité, de lucidité et de pathétique. Contrairement au Banquet de Platon, l'amour n'est pas suscité chez Simenon par la découverte de la perfection, mais, au contraire, par la disgrâce, l'infortune et la déchéance. Au lieu d'être rendus amoureux par ce que nous pouvons recevoir, nous le sommes aussi, et peut-être plus souvent, par ce que nous pourrions donner. L'amour aurait alors son origine non pas dans un narcissisme originaire, mais dans une générosité vitale spontanée.

Métamorphoses de l'amour, Paris, Grasset, 180 p., 13 euros.

lundi 9 mai 2011

Jean Richard - Biographie


Jean Richard, acteur de théâtre, de cinéma, homme de music-hall, directeur de cirques, Bérurier à ses heures, partenaire de Brigitte Bardot, d’Annie Cordy, Michel Serrault, Michel Galabru, Maurice Chevalier, etc., est resté avant tout pour les simenoniens, l’incarnation télévisuelle du commissaire Maigret avec 92 téléfilms tournés de 1967 à 1990.

Il nous avait laissé une autobiographie : Ma vie sans filet publiée chez Robert Laffont en1984.

Pour le dixième anniversaire de sa disparition (2001), Pierre Fenouillet nous propose une biographie abondamment illustrée qui retrace toutes les facettes de sa carrière d’artiste.

Jean Richard. Le Risque-tout du spectacle

Biographie d’un visionnaire par Pierre Fenouillet

Préface de Patrick Préjean.

Éditions du Bastinguage collection « Arts et Société », mars 2011.

64 pages. 19 euros.

ISBN : 978-2-35060-022-2

lundi 14 mars 2011

Revue "Traces"

Le n° 19 de la revue Traces publiée par le Centre d’Études Georges Simenon de l’Université de Liège vient de paraître. Il contient les actes de la journée d’études consacrée à la postérité de Georges Simenon, qui s’est tenue le 8 octobre dernier à Amiens à l’initiative de notre ami Bernard Alavoine.

On trouvera au sommaire :

– De Maigret à Brunet(ti). Petit aperçu d’une descendance secrète par Jean-Louis Dumortier.

– Un héritier de Simenon : Nicolas Freeling par Philippe Blondeau.

– Le Commissaire Adamsberg dans les pas de Maigret par Paul Mercier.

– Un roman sous influence : Prélude d’octobre de Denis Lacasse par Michel Lemoine.

– Un fantôme de Maigret : l’inspecteur Derrick par Jacqueline Guittard.

– Loustal, Warnauts et Raives : la B.D. inspirée de Simenon par Bernard Alavoine.

– Simenon snobé, copié et admiré par Henry Bordeaux par Pol Libion.

Traces n° 19, Liège, Centre d’Études Georges Simenon, 2010, 116 p., 25 €.

Pierre Assouline : Vies de Job


Le nouvel ouvrage de Pierre Assouline (Gallimard, 2011, 495 pages, 21,50 €) se présente comme un « roman ». En fait, l’auteur, qui ne peut oublier les nombreuses biographies qu’il a menées à bien, avoue que son rêve était plutôt d’écrire une biographie de Job, le personnage biblique du Livre de Job, dont l’histoire le passionne et même l’obsède depuis longtemps. C’est tout autant une méditation sur les thèmes du mal, de la souffrance, des rapports de l’homme avec la divinité. C’est surtout un récit où Pierre Assouline narre sa quête de Job à travers les traditions historiques et religieuses, ainsi qu’auprès de diverses personnes, à travers le vaste monde, qui pouvaient lui offrir des informations, des suggestions, du rêve à propos de son personnage. Ce faisant, l’auteur ne s’interdit pas d’évoquer souvent ses aïeux et sa famille. De la sorte, l’ouvrage assume aussi une allure autobiographique incontestable à laquelle participent également les voyages en quête de Job évoqués ci-dessus. Dès lors, le lecteur ne peut s’empêcher de s’intéresser, dans ce livre d’une rare profondeur, autant à la vie de l’écrivain qu’à ses réflexions sur Job. Alors, « roman », vraiment ? Essai, plutôt, mais peu importe : l’ouvrage montre une fois de plus que la littérature ne s’accommode pas toujours de cloisons étanches.

Cette note veut pourtant moins rendre compte de cet essai que relever les allusions à Simenon dont l’auteur, comme à son habitude, a malicieusement parsemé le livre.

P. 13 : « […] je me suis vissé une pipe entre les dents à la Simenon […]. »

P. 30 : « Je le hélai mais l’homme de la tour Eiffel était déjà loin […]. »

P. 30 : « Un homme assis sur un banc nous avait observés. […]. D’avoir fréquenté Simenon m’inclinait à entrer immédiatement en empathie avec ce genre de personne tout en me gardant d’en faire un personnage. »

P. 31 : « Ni un homme un peu fou, ni un fou un peu homme, juste un homme comme un autre. »

P. 33 : « Il serait à jamais l’homme du banc. Moins un nom qu’un titre à la Simenon. »

P. 136 : « Mains dans les poches, nez au vent[1]. »

P. 141 : « Appartiens-je ? Venant de là d’où je viens, me rendant là où je vais, je ne sais plus. Chaque fois que se pose la question, la voix de Georges Simenon résonne en moi, lorsque cet individualiste absolu m’expliquait les raisons de son départ d’Amérique après dix années heureuses : “ Là-bas, you have to belong. À ce que vous voulez, à une communauté de bridgeurs, de baptistes, de pêcheurs à la ligne, mais you have to belong, sinon vous restez en marge. ” »

P. 241 : « Ce qui m’est apparu à chaque lecture aussi mystérieux que la femme du commissaire Maigret. Seuls les experts savent qu’elle est Louise[2]. Son Jules[3] ne l’appelle jamais ; il ne la siffle pas non plus ; il lui donne parfois du “ madame Maigret ” mais guère de “ Louise ”. C’est une question pour concours de l’été, le prénom de Mme Maigret. »

P. 248 : « […] je n’ai même pas réussi à lire un roman de Simenon pendant la semaine que j’ai passée à Lakeville, Connecticut […]. »

PP. 264-266 : « Job raillé par sa femme, c’est aussi l’histoire de Désiré Simenon, père de Georges, employé aux assurances, un homme du juste milieu, pudique, discret et humble même si la société tient l’humilité pour la vertu des tièdes, un calme aux silences rehaussés d’un sourire plein de bonté, de quoi lui faire accepter l’injustice dans la tristesse et la résignation. Henriette, sa femme, est orgueilleuse, aigrie, insatisfaite, entreprenante, angoissée, hypersensible, nerveuse et plus paroissienne que lui : elle s’empresse de mettre des casseroles sur le feu pour donner au visiteur l’illusion de la prospérité[4]. Le petit Georges est là dans un coin qui s’imprègne.

La sérénité de l’un, l’inquiétude de l’autre. Désiré est assis dans son fauteuil d’osier dans le modeste jardin de la petite maison d’Outremeuse, au 27 de la rue de l’Enseignement à Liège ; il interrompt la lecture de son journal en tirant doucement sur sa pipe, et lève la tête pour subir des reproches sur son manque d’ambition qu’Henriette, debout à ses côtés, lui adresse encore et encore. Un jour, il s’affale à son bureau, à l’heure du déjeuner. Ses collègues le ramènent. Le jeune Georges s’occupe de tout ; il vient de perdre son héros et ne s’en remettra jamais. Ils n’ont même pas de quoi lui offrir des obsèques décentes. De toute façon, il n’y aura pas foule ; ce n’est pas un célèbre au cadavre duquel on court pour se donner de l’importance. Désiré est trésorier de l’Association des pauvres honteux, des petites gens de son quartier qui ont toujours besoin d’aide pour finir le mois mais préfèrent subir leur misère en silence plutôt que d’avoir à réclamer.

Le père serein dans son fauteuil en osier, la mère tendue le houspillant. Un homme assis, une femme debout. Un regard sur la défensive en contre-plongée, un regard agressif en plongée. Deux âmes en bataille. Sans le savoir, Georges Simenon a vécu toute une vie et composé toute une œuvre avec un tableau de Georges de La Tour incrusté dans sa mémoire ; une toile qu’il n’avait pas vue accrochée à une cimaise mais qu’il avait regardée vivante sous ses yeux, Job raillé par sa femme. »

PP. 313-314 : « Je me tourne vers Job coutumièrement assis à mes côtés. Il a les traits de Charles Aznavour, marmonne en arménien et répond au nom de Kachoudas. Le fait est que je sors de la Cinémathèque quasi déserte où l’on projette Les Fantômes du chapelier. Un bon Chabrol, un fascinant Serrault, l’un des meilleurs Simenon. Aznavour réussit à y incarner l’étranger absolu. L’autre de tous les lieux et de tous les temps. Celui qui n’est pas d’ici. Mon Job. Dans cette rue du Minage où il trime à son atelier de tailleur face à la boutique du chapelier, subvenant maigrement aux besoins de sa famille alors qu’il est malade, il est le juste souffreteux avant de finir en juste souffrant. À la fin, il meurt et les siens sont promis aux plus grandes mesures. Le chapelier peut chercher longtemps celui qu’il appellait (sic) “ Kachoudââââââs ! ”, il est là, assis sur la banquette, avec moi. »

PP. 389-390 : « Je me perds dans les rues, qui sonnent non comme celles de Proust avant le bal mais comme celles de Simenon après minuit, pavés disjoints contre pavés luisants, la réminiscence littéraire réduite à une bataille de pavés. »

P. 458 : […] dans la rue, mon ombre ne me suivait plus[5]. »

P. 487 : « J’ai l’impression d’avoir confié le plus secret de ma pauvre vie à l’homme du banc, ce jour d’automne sur l’avenue du Président-Wilson balayée par le vent. »

M. L.


[1] Comme Jehan Pinaguet... et le jeune Simenon flânant dans les rues de Liège.

[2] Elle est en effet Louise dans Les Mémoires de Maigret, mais elle avait été Henriette auparavant dans L’Amoureux de Madame Maigret. Henriette, comme la mère de Simenon ? Certes, mais surtout comme Boule, pardi.

[3] De même, avant de se prénommer Jules, Maigret s’est prénommé Joseph.

[4] Selon les récits de Simenon, c’est sa grand-mère, la mère de Henriette, qui procédait de la sorte.

[5] Comme Charles Alavoine dans Lettre à mon juge.

samedi 19 février 2011

Romans des femmes


Sous ce titre, les éditions Omnibus ont regroupé dix romans aux figures fortes et singulières de l'univers simenonien :

La Nuit du carrefour (1931)
La Veuve Couderc
(1942)
La Fenêtre des Rouet
(1945)
Le Temps d'Anaïs
(1951)
Marie qui Louche
(1952)
En cas de malheur
(1956)
Strip-tease
(1958)
La Vieille
(1959)
Betty
(1961)
La prison (1968)

Éditions Omnibus, Paris, 2010, 1088 p., 27 €

jeudi 10 février 2011

Assemblée générale 2011

Les Amis de Georges Simenon

se réuniront en Assemblée générale le dimanche 22 mai 2011 au

Théâtre-Poème

30, rue d’Écosse

1060 Bruxelles

Le programme détaillé de la journée sera publié sur ce blog et nos membres seront également informés par courrier au début du mois d’avril.

Nous espérons que vous assisterez nombreux à cette journée très conviviale..

mercredi 9 février 2011

Christian Millau : Journal impoli. Un siècle au galop 2011 - 1928

Dans les 718 pages de ce Journal impoli, Christian Millau consacre peu d’espace à la gastronomie mais fait revivre Nimier, Blondin, Morand et Cendrars, Aymé et Léautaud sans oublier tous les autres...

L’imposant index qui clôt le volume renvoie à douze chroniques qui évoquent Georges Simenon.

Dans la principale, il est interviewé à Épalinges, le 19 mars 1964, par Christian Millau revenant de Dallas où il a suivi pour Paris-Presse le procès de Jack Ruby, l’assassin de Lee Harvey Oswald, lui-même assassin du président Kennedy.

Pas moins de cinq pages sont consacrées à cet entretien au cours duquel Simenon évoque ce qui, selon lui, constitue les grandes différences entre la justice américaine et la justice française. Il démolit en passant la thèse du complot contre Kennedy et affirme qu’il croira, sans hésitations, les conclusions du rapport Warren qui n’a pas encore été rendu officiel...

Voilà un sujet qui aurait trouvé place dans le numéro 23, Justice est faite ?, des Cahiers Simenon publiés en 2009.

Christian Millau, Journal impoli. Un siècle au galop 2011 – 1928. Monaco, Éditions du Rocher, 29,90 €

mercredi 5 janvier 2011

Concours de photographie Maigret


Nous vous informons de la récente mise en ligne du site www.croiser-maigret.com, site conçu par l’équipe web du Livre de Poche qui nous propose une animation autour du commissaire Maigret en deux temps :

1. Un concours-photos jusqu’au 31 janvier 2011.

Principe : Vous avez déjà rencontré le commissaire Maigret à travers vos lectures, ou vous en avez une certaine image, que vous incarnerez, en photo.

2. Un vote des internautes pour la sélection de photos du 1er au 15 mars 2011 (la pré-sélection de photos sera effectuée par un jury de spécialistes de Maigret, courant février) :

– John Simenon (Director, Georges Simenon Ltd.)
– Pierre Assouline (auteur de L'Autodictionnaire Simenon)
– Jacques Santamaria (réalisateur)
– Benoît Denis (Directeur du Centre d'Etudes Georges Simenon à Liège)
– Catherine Chauchard (Directrice de la Bilipo à Paris)
– Rémy Ehlinger (Librairie Coiffard à Nantes)
– Hervé Tardy (éditeur et photographe)
– Jean-Baptiste Baronian (président des
« Amis de Georges Simenon »)
– Les équipes marketing des éditions du Livre de Poche et Omnibus

Ce concours-photos est destiné à un public élargi, et devrait plaire à la fois aux férus de Maigret mais également à un public moins connaisseur, mais curieux de le découvrir ou de rompre avec les idées reçues !

Les gagnants se verront récompensés par de belles collections : « Tout Maigret » aux éditions Omnibus, et de nombreux livres de Poche.

Nous profitons également de cet message pour vous annoncer la parution prochaine en 2011 de six références d’édition thématique double de titres Maigret au Livre de Poche :

– en février : Les Premières Enquêtes de Maigret, un double volume qui réunit : Pietr le Letton et La Première Enquête de Maigret en format poche qui réduit ainsi le prix total de 30 % : 9 €.

– en mars : Les Grandes Enquêtes de Maigret un double volume qui réunit : Maigret tend un piège et Maigret et le voleur paresseux : 8.50 €.

Nicola Grimaldi : Traité des solitudes

C’est dans la collection « Perspectives critiques » que les éditions PUF (Presses Universitaires de France) publient ne étude philosophique de la solitude nourrie de nombreuses références littéraires :


Traité des solitudes

de Nicolas Grimaldi.

On trouvera en annexe de l'ouvrage une étude de plus de 30 pages consacrée à

« Simenon, romancier des solitudes » (pp. 233 à 264).

Nicolas Grimaldi, Traité des solitudes. Paris, PUF, « Perspectives critiques », 288 pages. 21.00 €

(ISBN : 978-2-13-053793-9)