mardi 27 octobre 2009

Simone Signoret


Dans La nostalgie n’est plus ce qu’elle était, Simone Signoret répond aux questions de Maurice Pons :
— Avec Le Chat et La Veuve Couderc, vous voici devenue une interprète de Simenon...
— Ce sont des adaptations de deux romans de Simenon. C'est à Simenon qu'il faudrait demander s'il a retrouvé dans ces deux films ses histoires et ses personnages. En vendant ses droits d'auteur pour le cinéma, Simenon a toujours, en même temps, donné à ceux qui les achètent le droit et la liberté de vagabonder autour de ses sujets et de ses héros. Il n'est pas de ces auteurs qui crient à la trahison. Ces vagabondages sont rarement des trahisons d'ailleurs. Ils sont des aménagements qui finalement servent le monde de Simenon. Parce qu'il y a un monde Simenon et qu'on n'y échappe pas. Même si Clémence, la femme du couple du Chat, a un autre nom (elle s'appelait Florence mais ça gênait Gabin dont l'une des filles s'appelle Florence...) et même si elle a un autre passé (Granier-Deferre la voulait ancienne acrobate, parce qu'il a eu des attaches avec le cirque) et même si elle parle de retravailler (je voulais replacer la scène Montand-Signoret le jour où j'ai été en grand danger de ne pas jouer Thérèse Raquin), cette femme-là reste une femme de Simenon. Même si La Veuve Couderc n'est plus une vieille campa-gnarde dévoreuse de chair fraîche, se voulant encore séduisante, mais une paysanne aux cheveux grisonnants, amoureuse d'une sorte de fils qu'elle n'aurait jamais eu, elle reste une femme de Simenon... je crois, enfin j'espère. En tout cas, c'est ce que nous avons espéré en jouant ces personnages taillés à nos mesures par P. Jardin et Granier-Deferre, Gabin et moi, dans Le Chat, Delon et moi dans La Veuve.
Simone Signoret, La nostalgie n’est plus ce qu’elle était, Paris, Seuil, 1976, p. 363.

mercredi 14 octobre 2009

Sang d'encre au 36 par Hervé Jourdain

Un polar talentueux et premier roman (prix VSD du polar 2009) d’un jeune auteur, capitaine de police à la brigade criminelle, plus exactement « procédurier », au « 36 » quai des Orfèvres. Il mêle habilement deux univers, le monde de la « Crim », technique et souvent sanglant, et le monde romanesque et humaniste de Simenon.

Hervé Jourdain nous guide dans les coulisses du « 36 » comme il le ferait pour un collègue débutant. Nous y découvrons les arcanes de la hiérarchie policière, le fonctionnement des équipes avec son lot d’aigreurs et d’acrimonies, mais aussi de sympathie, d’entraide et de solidarité. Les « seigneurs » de la Crim ont chacun leur personnalité, surtout la ravissante beurette Nora Belhali, dont les talents de marathonienne se révèleront bien utiles pour la poursuite du criminel. Sans oublier la psychologue « profiler », mal acceptée au départ, mais pleine de sagacité.


L’auteur s’attache à évoquer tous les aspects d’une enquête hors normes : recherche d’empreintes, « tapissage » (présentation d’un suspect aux témoins), autopsies, « gammes » informatiques, périodes de tension et soulagement final.

Mais ce qui rendra ce polar sympathique à tous les simenoniens, c’est le fait que l’assassin, qui récidive tous les vendredis, est un « fan » de Simenon. Chaque assassinat est ponctué d’une lettre qui « parle » aux connaisseurs de l’écrivain. En effet, elle est signée d’un des pseudonymes du romancier : Luc Dorsan, Aramis, Miquette, etc, oblitérée avec un timbre à l’effigie de G. Simenon sans « paluches » (empreintes) ni traces d’ADN et provient d’un haut lieu simenonien : Lausanne, Liège, Porquerolles, La Rochelle, etc. En quelques lignes, elle fait référence à la vie et à l’œuvre du romancier.

En fait, le nœud de l’affaire, c’est le manuscrit d’un polar trop peu apprécié de ses premiers lecteurs et intitulé Souffrances. Un ouvrage raté qui provoque des meurtres en cascade ou comment l’écriture pousse au crime


Éditions Les Nouveaux Auteurs-Prisma Presse, Paris, 2009, 17,90 €

14 octobre 2009.

Danièle Mercier

lundi 12 octobre 2009

Maigret chanté par Jesebel

Écoutez-là sur le site : L'UNIVERS DE VERBENA


Hommage à Georges Simenon 1903-1989 ...20 ans déjà.
A l'occasion du 20e anniversaire de la mort de Georges Simenon, Jesebel lui rend hommage en chanson.
Jesebel chante "Maigret". Paroles Michel Barbier, Musique de Marc Keiser. Hébergé par Overblog.

L'UNIVERS DE VERBENA - http://www.verbena29.com/

samedi 10 octobre 2009

Guitry - Simenon


Les éditions Arléa publient un livre d'entretiens de Dominique Desanti avec Karin Müller : Sacha Guitry. Itinéraire d'un joueur.
Nous y relevons le dialogue suivant pp. 183-184 :

K. Müller — À la fin de sa vie, Sacha s’est découvert une passion pour Simenon. Quelle en est la raison ?
D. Desanti — Simenon mène ses romans comme Sacha ses pièces : il n’y a jamais de temps mort. Chez Simenon, toute description est destinée à donner un indice sur les personnages. Aucune n’est gratuite.
Simenon est un grand romancier. Chez lui, chaque ligne est orientée vers le même but, comme chez Sacha. Ils utilisent donc les mêmes armes dans deux champs littéraires différents. Ce qui passionnait Guitry, c’est la façon dont Simenon conduisait son roman pour arriver à la fin.

K.M. — Simenon faisait-il des descriptions psychologiques ? S’intéressait-il au caractère des personnages ?
D.D — Comme chez Guitry, le caractère jaillissait d’abord des actes puis de la réputation qu’on faisait au personnage. Il n’était jamais « analysé psychologiquement ». Dans deux genres littéraires complètement différents, ils suivaient des chemins parallèles. Chaque mot est utile. Enlevez trois mots à une réplique de Sacha, quelque chose manque, tout comme chez Simenon.

Dominique Desanti, entretien avec Karin Müller, Sacha Guitry. Itinéraire d’un joueur. Paris, Arléa, 2009, 200p., 15 €.