mardi 27 octobre 2009

Simone Signoret


Dans La nostalgie n’est plus ce qu’elle était, Simone Signoret répond aux questions de Maurice Pons :
— Avec Le Chat et La Veuve Couderc, vous voici devenue une interprète de Simenon...
— Ce sont des adaptations de deux romans de Simenon. C'est à Simenon qu'il faudrait demander s'il a retrouvé dans ces deux films ses histoires et ses personnages. En vendant ses droits d'auteur pour le cinéma, Simenon a toujours, en même temps, donné à ceux qui les achètent le droit et la liberté de vagabonder autour de ses sujets et de ses héros. Il n'est pas de ces auteurs qui crient à la trahison. Ces vagabondages sont rarement des trahisons d'ailleurs. Ils sont des aménagements qui finalement servent le monde de Simenon. Parce qu'il y a un monde Simenon et qu'on n'y échappe pas. Même si Clémence, la femme du couple du Chat, a un autre nom (elle s'appelait Florence mais ça gênait Gabin dont l'une des filles s'appelle Florence...) et même si elle a un autre passé (Granier-Deferre la voulait ancienne acrobate, parce qu'il a eu des attaches avec le cirque) et même si elle parle de retravailler (je voulais replacer la scène Montand-Signoret le jour où j'ai été en grand danger de ne pas jouer Thérèse Raquin), cette femme-là reste une femme de Simenon. Même si La Veuve Couderc n'est plus une vieille campa-gnarde dévoreuse de chair fraîche, se voulant encore séduisante, mais une paysanne aux cheveux grisonnants, amoureuse d'une sorte de fils qu'elle n'aurait jamais eu, elle reste une femme de Simenon... je crois, enfin j'espère. En tout cas, c'est ce que nous avons espéré en jouant ces personnages taillés à nos mesures par P. Jardin et Granier-Deferre, Gabin et moi, dans Le Chat, Delon et moi dans La Veuve.
Simone Signoret, La nostalgie n’est plus ce qu’elle était, Paris, Seuil, 1976, p. 363.

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