La vente publique d'une "Petite Collection d'un libraire Dilettante" aura lieu le 8 avril prochain chez Soyheby's, 76 rue du Faubourg Saint-Honoré, 75008 Paris.
Le riche catalogue propose deux livres de Simenon dédicacés (lots 298 et 299 ainsi qu'une correspondance inédite avec Emmanuel d'Astier (de La Vigerie).
Ensemble de 8 lettres, dont 7 signées de Georges Simenon et 1 de sa femme, Denyse : 3 cartes autographes signées à en-tête « Georges Simenon / Château d'Echandens » (104 x 135 mm), 3 pp. – 3 lettres autographes signées à en-tête
« Georges Simenon / Château d'Echandens » (209 x 135 mm), 3 pp. – 2 ff. tapuscrit signés à en-tête « Georges Simenon / Château d'Echandens » (268 x 209 et 209 x 135 mm), 2 pp. (annotations au dos de la seconde de la main de d'Astier) – 1 lettre autographe signée à en-tête « Madame Georges Simenon / Château d'Echandens » (209 x 135 mm), 1 pp.
La première lettre (14 mars 1961), relative à Ilya Erhenbourg et à la préface que d'Astier a écrite pour l'édition russe d'un des romans de Simenon, a été envoyée « au bons soins du Ministère des Affaires Etrangère » à Paris. Dans la deuxième (27 mars 1961), Simenon se dit avoir été « fort sensible à la préface [que d'Astier a] bien voulu lui consacrer et dont les termes [l’] ont beaucoup touché » et l'invite à Echandens. Dans la troisiéme, sans date, Simenon remercie « pour le livre » (Sept fois sept jours) et espère pour bientôt « le plaisir de [le] connaître en chair et en os ». Simenon, dans la quatrième (12 juillet 1961), « termine à l'instant Sept fois sept jours [qu'il] a lu avec passion» et se déclare « particulièrement enchanté par les notations d'atmosphère, de couleurs, d'odeurs, etc. aux moments les plus dramatiques. Je crois que c'est la grande vérité et vous l'avez rendue à merveille. J'en ai pour longtemps à penser à ce livre ». La cinquième (17 avril 1962) est adressée à « [S]on cher d'Astier ». Simenon y évoque longuement la visite d'Erhenbourg à Echandens, le remercie de le « [lui] avoir envoyé » et rappelle celle que lui fit d'Astier quelques temps auparavant : « Votre trop courte visite m'a prouvé que je ne m'étais pas trompé sur vous et m'a donné plus grande envie de vous revoir à Paris [...] permettez-moi d'écrire : Amicalement vôtre ». Dans la sixième (8 Juillet 1962). Simenon pense « toujours aller [le] voir à Paris. mais ce sera sans doute vers le début septembre » et fait part à d'Astier de son « admiration pour [son] courage de faire encore du ski » ayant lui -même « abandonné par crainte des fractures !... » depuis dix ans. La lettre suivante (10 octobre 1962) est de la main de Denyse Simenon qui « [se] permet [d'écrire] à sa place » son mari ayant « changé complètement son habituelle méthode de travail — Il s'attend à être “bouclé” pendant encore un mois » Simenon, dans la septième (12 novembre 1962), après avoir justifié la réponse précédente de sa femme. remercie d'Astier pour son Sur Saint-Simon et lui confie être « [l’]un des rares [...] à avoir lu Saint-Simon de bout en bout. en commençant par le commencement et en finissant par la fin, comme [il l'avait] fait à la faveur d'une maladie pour Proust et pour Balzac », ce qui lui a permis d'apprécier l'essai de d'Astier « et les parallèles savoureux » qu'il en tire, même s'il avoue préférer « le style plus vif et plus coloré du Cardinal de Retz ».
Il remercie enfin d'Astier pour « l'excellente soirée » que cette lecture lui a valu. Enfin, la huitième lettre (19 mai 1963) commence par une confidence « Depuis 1928, je ne lisais plus de roman par crainte d'être influencé ou découragé ». Simenon se demande à présent s'il n'est pas d'autres lectures qu'il lui « faudra supprimer par self-defense ». Il vient en effet de terminer le Sur Staline de d'Astier et il pense avoir eu tort de le lire « avant de commencer, demain, d'écrire un roman. car [ses] personnages [lui) paraissent soudain bien flous. » Simenon fait ensuite cet étonnant aveu : « Il n'y a pas jusqu'à ma phrase de la préface que désormais je n'oserai plus écrire et qui est mon credo “Si l'on a confiance dans l'homme...” Je ne vous en veux pas Je vous tire mon chapeau et je me réjouis de vous revoir [...] Avec mon admiration, mon amitié et celle de ma femme. Georges Simenon. »
Estimation : 1400-1600 €
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