lundi 3 novembre 2008

Boire et écrire

Vient de sortir, le 15 octobre, un livre de Mylène Demongeot et du Dr Isabelle Sokolov, Le Piège, l’alcool n’est pas innocent (Flammarion, 2008), à recommander à tous ceux qui, dans leur entourage, sont amenés à côtoyer journellement des patients alcooliques.

Plusieurs passages, par leur accent de sincérité et la justesse des observations, me font penser à un roman de Georges Simenon La Prison, écrit, en novembre 1967 (Presses de la Cité, 1968).
Le Piège, l’alcool n’est pas innocent apporte un éclairage particulièrement pertinent sur les sentiments complexes éprouvés par le conjoint et ces pages se trouvent en correspondance étroite avec ce que le romancier imaginait de la solitude morale d’un alcoolique en crise : une prison mentale.
Je choisis, parmi bien d’autres, quelques phrases de cet essai qui pourraient traverser l’esprit d’Alain Poitaud, le personnage principal du roman. Le lecteur, s’il veut bien aussi relire le roman, y trouvera les mêmes accents. Le choix d’un titre plutôt énigmatique, La Prison, qui dérouta plus d’un critique, ne pouvait être plus évocateur.

« Il avait un besoin viscéral de sa bande. » (p. 75)

« Je voudrais aujourd’hui, justement avec toi, transmettre et faire comprendre à ceux qui nous lisent, le difficile constat que j’ai fait : malgré notre bonne volonté, notre amour, on ne peut jamais empêcher une personne de se détruire. » (p. 77)

« Autant de preuves d’un enfermement, d’une prison aux parois liquides qu’aucune clé autre que celle qu’il détient en lui ne peut ouvrir. » (p. 82)

On peut aussi trouver une étude de ce thème dans un article de Paul Mercier, « Crise du sujet et société du spectacle. La Prison de Georges Simenon », paru dans la revue Traces, n° 17, 2006.
Ou encore dans l’ouvrage de Michel Legrand, Le Sujet alcoolique, Desclée de Brouwer, 1977, qui se réfère à plusieurs romans de Simenon.

Paul Mercier
paul.mercier2@wanadoo.fr

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