Georges Simenon est mort le 4 septembre 1989 à 3 h 30. Vingt ans après la dispersion de ses cendres dans son jardin, l'énigme de son œuvre, l'une des plus lues et des plus commentées au monde, demeure intacte. Jamais avare d'interviews, prodigue en explications et justifications dans ses Dictées, il passa pour l'un des écrivains les plus transparents en raison de sa disponibilité même. Et si ce flot de paroles avait fait écran ? En y cherchant les pépites pour les extraire du magma, et en les confrontant à d'autres trouvées dans ses lettres, ou dans des textes méconnus, l'Autodictionnaire Simenon révèle ses vérités sous d'autres facettes.
Georges Simenon, « romancier-nez », écrivain au talent protéiforme, l'un des auteurs les plus traduits dans le monde, est, sans aucun doute, celui dont l'œuvre est, en France, le plus adaptée à la télévision et au cinéma.
Le livre se présente sous la forme classique du genre, avec de multiples entrées classées par ordre alphabétique. Elles peuvent être des entrées académiques (France, Vie littéraire, Droits d'auteur, Pipe, Maigret, Livres de chevet, Vieillesse, Pedigree, Congo belge) aussi bien que des entrées plus subjectives (Mimétisme, Humilité orgueilleuse, Madeleine), critiques (Druon, Michaux, Sartre), autocritiques (Nobel, Mère, Marie-Jo Simenon) et surprenantes (Casanova, Golf, Proust, Raretés, To be on the wagon... ). Mais l'originalité première de l'ouvrage tient au fait que toutes les définitions contenues dans ces entrées sont de la plume de l'écrivain lui-même.
Elles sont puisées dans ses livres (fictions ou essais), dans sa correspondance, dans ses interviews, dans ses conférences, dans ses articles...
Ce peut être deux lignes, vingt lignes, deux pages, c'est selon. Chaque entrée contiendra obligatoirement la mention de sa source.
Rien d'extérieur, rien qui ne soit de la plume ou de la bouche de l'écrivain.
Au final, c'est un nouveau livre de lui, posthume, fait de tout ce qu'il fut, de tout ce qu'il a dit et écrit.
Complice de l'univers simenonien depuis des années, Pierre Assouline ne signe pas seulement la préface en forme d'essai qui fait le point sur tous les Simenon tels qu'il les a à nouveau étudiés depuis la parution de sa biographie de référence en 1992 (Julliard, Folio, 1996). Relisant ses 200 romans sous patronyme, ses dizaines de milliers de lettres privées, ses milliers d'articles et ses centaines d'interviews, il a recherché et colligé toutes ces informations, créé des entrées, et a fait coïncider les unes et les autres. L'Autodictionnaire Simenon doit permettre au lecteur de pénétrer plus facilement dans l'œuvre d'un écrivain, sans les intercesseurs habituels (manuels, biographes, critiques, exégètes... ) qui sont autant de filtres. Vingt ans après, pour la plus grande gloire de son œuvre, le biographe se met au service de l'autobiographe. Il livre l'écrivain tel qu'en lui-même. Vu par lui-même.
Journaliste, critique, romancier, biographe, blogueur, Pierre Assouline est un commentateur aigu de la vie culturelle.
Son blog, « La République des livres », fait partie des sites les plus suivis de la Toile.
Pierre Assouline, Autodictionnaire Simenon, Paris, Omnibus, 810 p ; 26 €. (En librairie le 3 septembre 2009.)
mercredi 26 août 2009
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire